GWEN CORBIN : INTERVIEW DE DÉBUT DE SAISON
Gwen on se retrouve pour la traditionnelle interview de début de saison, on s’était quitté en mai sur une très belle deuxième place, une équipe qui continue sa progression, quel bilan dresses-tu de cette saison ?
Le bilan, c'est que, d'une part, on s'est servi de nos erreurs de la première partie de saison pour s'améliorer sur la deuxième partie. Globalement, je trouve qu'on a progressé tout au long de la saison, en apportant parfois des éléments nouveaux à notre jeu. Nous faisions beaucoup de bonnes choses, mais il y avait aussi des aspects où nous manquions de régularité. Nous avons su les corriger au fil de la saison. C'est pour cela que, depuis le 1er janvier, si on regarde le championnat dans son ensemble, je crois que nous avons fini premiers, sauf erreur de ma part.
Je crois que c'est ça. On termine à un point près. Ce qui est important, c'est que nous nous sommes rapprochés. Après, peut-être qu'il aurait fallu ajuster certaines choses plus rapidement au cours de la saison. C'est peut-être là mon erreur, ainsi que celle du staff : ne pas avoir pris conscience assez tôt des difficultés que nous rencontrions à domicile, par opposition à nos performances à l'extérieur. Sur la fin de saison, nous avons trouvé les leviers qui nous ont permis d'être plus performants à domicile. On faisait beaucoup plus de courses à l'extérieur que ce qu'on produisait à domicile, et cela nous a coûté cher.
Une nouvelle fois, le choix de la continuité semble avoir été fait, un effectif conservé dans sa majorité complété avec l’arrivée de nouveaux joueurs d’expérience, c’était l’objectif de ce mercato ?
Je dis toujours la même chose : le meilleur recrutement pour un club qui fonctionne bien — on venait de finir deuxième —, c'est de garder ses meilleurs joueurs. Globalement, on peut dire qu'on a réussi à conserver nos meilleurs éléments. Pour la majorité, nous avons fait des choix de continuité. Certains joueurs étaient peut-être arrivés à la fin d'un cycle, d'autres avaient besoin de nouveaux horizons. En tout, nous avons modifié environ un tiers du groupe. Il n'y avait pas besoin de révolution, surtout après avoir fini deuxièmes. Pour ce tiers de l'effectif modifié, nous avons principalement fait du poste pour poste. On a perdu Grégoire Amiot, mais récupéré Antoine Cottereau. On a perdu Bérénice, mais on a recruté Tom Duponchelle. Nous avons également récupéré Vincent Créhin pour remplacer Yannis Ouhammou, et Clément Milon à la place de Nathan Yavorsky. On a récupéré Lucas Daury pour Eddy Debreux, Yoann Abasq pour Sefa Sagna même s'il y a une petite différence de profil, globalement, c’est un jeune joueur avec une marge de progression. Il reste deux postes à combler, ceux de Franck Hery et Landry Nleme. Faut-il les remplacer ? On ne s'est pas précipité, car on attendait de voir comment Alex Leroyer se remettrait de sa blessure. Pour l'instant, il semble qu'on puisse compter sur lui, donc il ne nous reste plus qu'à voir pour Franck Hery et éventuellement Landry. Cela dit, avec l'émergence de Thomas, je ne suis pas sûr qu'il soit nécessaire de remplacer Landry.
Quels sont les atouts de ton groupe cette année ?
Je pense que les atouts sont clairs. Si nous sommes au complet, sans grosses blessures comme celle d'Alex l'année dernière, nous serons plus forts. Ce n’est pas qu’Alex soit indispensable, mais il avait certaines qualités que d'autres n'avaient pas, notamment sur les coups de pied arrêtés. Son absence nous a coûté quelques points. Aujourd'hui, je suis convaincu que notre effectif est meilleur que l'année dernière. Nous avons plus de vitesse, plus de maturité, plus de caractère, et surtout plus de liant dans le jeu. L'an dernier, nous avons parfois manqué de lien entre le milieu et l'attaque, ce que Steven Papin apportait à sa manière à son époque. Vincent Créhin, par exemple, doit nous apporter ce liant. Lucas Daury peut nous amener une qualité de dernière passe que l’on n'avait pas. Donc je pense qu'on a comblé des lacunes, qu'on avait l’année dernière qui faisait qu'on pouvait être en difficulté par moment à domicile. Maintenant. Pour arriver à avoir les résultats escomptés, s'améliorer, il faut que ces joueurs-là jouent.
L’intégration semble s’être bien déroulée avec une préparation estivale sans défaite, quels sont les enseignements à tirer de cette période de préparation, on imagine que tu ne t’arrêtes pas qu’aux résultats ?
La préparation s'est bien passée. C'était ce qu'on recherchait : d'abord l'aspect physique. Les joueurs sont prêts. Ensuite, la cohésion. On a même pas l'impression qu'il y ait des nouveaux ou des anciens, la cohésion est déjà bien établie. L'état d'esprit est également au rendez-vous. Voilà les trois axes principaux. Après, il y a l’aspect technico-tactique : avoir les mêmes idées, penser la même chose, savoir quoi faire avec ou sans ballon. Physiquement et mentalement, on est bien. Maintenant, c’est les matchs qui vont nous permettre de voir ce qui reste à améliorer et de nous rendre compte de certaines choses qu'on doit mieux faire. Mais on a aussi toute la saison pour le faire. J'ai vu des équipes gagner tous leurs matchs de préparation et descendre en fin de saison, et d'autres ne pas en gagner un seul et monter. Ce qui compte, c'est la suite.
Ensuite, c'est un tout nouveau championnat qui s'annonce, avec une poule de seize ou quinze équipes, et une ouverture vers le sud-ouest. Quelle est ta vision de ce championnat ?
Ce qui est évident, c'est que le championnat ne cesse de progresser. Quand on passe de 64 à 48 équipes, les 16 moins bonnes sont parties, donc forcément, le niveau monte. Avec la réforme des ligues 1, ligue 2 et National, il y a moins d'équipes au-dessus, donc de meilleurs joueurs se retrouvent aujourd'hui en National 2. Cela élève le niveau. Je pense que cette saison, il y aura un peu moins d'équipes jouant chaque week-end avec la peur de descendre. Cela devrait permettre de voir un football plus libre. Avec trois descentes au lieu de cinq ou six, la pression diminue un peu. Je pense que cela permettra de voir des équipes plus joueuses, car elles ne joueront pas chaque week-end leur survie.
Je pense aussi qu’on aura des matchs plus équilibrés et de meilleure qualité. Il y aura surement un vrai ventre mou cette saison. Quand tu seras cinquième, tu te diras soit on joue le haut de tableau, soit on ne craint pas grand-chose. Cela pourrait rendre les matchs plus intéressants. Ce n'est pas pour autant que l'intensité va baisser, mais je pense qu’on verra des équipes un peu plus joueuses. Parce qu'elles pourront se permettre d’assister à des matchs avec moins d’enjeu dès la septième, huitième, ou dixième journée. Ce sera une saison très longue, mais cela devrait améliorer la qualité du jeu.
Après, en ce qui concerne les favoris, je dirais Bourges, La Roche, Les Herbiers et Bordeaux (s'ils sont bien présents). Il y aura toujours quelques surprises, du bon ou du mauvais côté, mais attention à des équipes comme Saint-Brieuc ou Avranches, qui viennent de descendre. Si leur projet fonctionne bien, elles seront dans le coup, c'est certain. Pour le reste, je ne sais pas encore. Et pour nous ? Je ne sais pas. Je pense qu’on fait partie des bonnes équipes, c'est évident. Est-ce qu'on peut perdre contre La Roche, Les Herbiers et Bourges ? Oui. Mais est-ce qu'on peut aussi les battre deux fois ? Si tout va bien et que nous sommes au complet, oui, c'est possible aussi. Donc, je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est qu’on doit être parmi les quatre ou cinq meilleures équipes du championnat. Après, tout dépendra des aléas de la saison : les blessures, les suspensions, et le fait que "la mayonnaise prenne" ou pas.
En parlant de ce nouveau championnat et de l'évolution du groupe, quels objectifs fixes-tu pour cette saison ?
Nous sommes Saint-Malo. On n’est pas meilleurs que les autres, mais on n’est pas moins bons non plus. Aujourd'hui, on a retrouvé une place plus conforme à ce que doit être l’US Saint-Malo. On a fini cinquièmes, puis deuxièmes. Je pense qu’on ne doit plus sortir de cette zone-là. Si un jour, le club veut monter plus haut, il faut d’abord qu’il s’installe durablement dans le haut du tableau. Si nous parvenons à le faire et que nous continuons à travailler, alors peut-être qu’on se donnera l’opportunité d'aller encore plus loin. Mais dans le football, rien n'est acquis. C'est tellement compliqué. On ne maîtrise rien : les blessures, les suspensions, l’adversaire, la dynamique, les infrastructures… Ce que je sais, c’est qu’on a aujourd'hui une équipe assez solide pour s’installer dans le haut du tableau. Il faut déjà qu’on y arrive. On a fini deuxièmes, montrons que ce n’était pas un accident et prouvons que nous sommes encore là. Ensuite, on verra bien.
Le plus important, c’est de prendre du plaisir, de chercher à progresser, et d’avancer. Si on parvient à grappiller des points en continu, alors on pourra voir une progression. On a fini à 7 points de Boulogne, peut-être qu’on finira à cinq cette année, qui sait ? Il faut aller chercher ces petits points qui nous manquent. Ce n’est pas uniquement le rôle des joueurs ou du staff, mais de tout le monde. Chaque détail compte : un point par-ci, un point par-là, ça fait la différence. Quand on a des mauvaises périodes, il ne faut pas paniquer. Il y a toujours des choses à améliorer, comme par exemple s’entraîner plus régulièrement sur des terrains en herbe, continuer à améliorer la préparation physique, la vidéo, ou même les repas lors des déplacements. Si on fait tout cela, on pourra grappiller ces petits points. Les 7 points manquants, ils sont là.
De plus, au fil du temps, les joueurs comprennent mieux les messages. On ne repart pas de zéro. On ne commettra plus les mêmes erreurs que l’année dernière. Cela nous permettra de progresser encore davantage. Il y a beaucoup de petites choses que l’on peut améliorer, et c'est ce que nous essayons de faire.
Ce samedi, le championnat reprend ses droits, qu’attends-tu des joueurs pour la première journée de Championnat face aux Voltigeurs de Chateaubriant ?
La dynamique de début de saison est souvent difficile à enclencher. On commence par Châteaubriant, qui est loin d'être un cadeau, ensuite on va à Saint-Brieuc, encore moins. Puis, on reçoit La Roche-sur-Yon, qui pour moi est un favori. Et après, on se déplace aux Herbiers, un autre favori. Les quatre premières journées vont déjà donner le ton. Il faudra être prêt.
Sur ce premier match je n'ai même pas envie de parler de points. On sait qu’il faut créer des dynamiques mais ce n’est pas parce que tu perds le premier match que tu ne finiras pas dans le top 3, et ce n’est pas parce que tu le gagnes que tu y seras. L’an dernier, Boulogne a fait match nul à la première journée, cela ne les a pas empêchés de monter. Rouen, il y a deux ans, gagne à la dernière minute. Le foot, c’est comme ça, on ne peut jamais prédire. Ce que je sais, c’est qu’il faudra faire des séries. Si tu veux être en haut du classement, il faut enchaîner les victoires, c’est indispensable.
Ce qui m’intéresse surtout sur ce match, c'est qu'on montre qu'on a une équipe qui tient la route, qui a du caractère, qu'on sente une âme. Il faut qu'on montre qu'on est une équipe capable de maîtriser le jeu, qu'on puisse sentir qu'on pourra bien voyager cette saison. Si, demain, on revient avec ça, on pourra se dire : "Ok, on n'a peut-être pas gagné ce soir, mais on sent que tout au long de la saison, on prendra des points."
Inversement on peut gagner 1-0 et prendre trois points, mais si on a été catastrophiques et que tout le monde a mal joué, on se dira : "Oui, on a gagné, mais..." Demain soir, on ne va peut-être pas gagner, mais si on sent qu'on est capables de voyager et de prendre des points à l'extérieur, alors c'est ça que je veux voir. C'est ce que j'ai envie de me dire demain soir : "Ah ouais, quand même, on a une équipe qui tient la route."