ROLAND JAMELOT : ON FAIT LE BILAN DE LA PRÉPA'
Roland, nous t’avons quitté alors que tu faisais la fête avec tes joueuses pour la validation de la montée en Seconde Ligue. As-tu eu le temps de savourer cet exploit avant de te tourner vers la nouvelle saison ?
Alors c’est vrai que la fin de saison dernière a été exceptionnelle. 17 victoires, avec une montée acquise à 3 journées de la fin, ce qui est au-delà des objectifs qu’on s’était fixés avec le club. Donc oui, on a bien fêté ça, mais on s’est vite préparé à ce qui nous attend maintenant, c’est-à-dire la Seconde Ligue. Pour les trois derniers matchs de la saison dernière, on s’était déjà tourné vers une structure d’équipe différente, des essais et des animations différentes pour commencer à se préparer à l’échelon supérieur. Nous avons aussi commencé à tester les joueuses que nous allions conserver ou non. Quand on est coach à ce niveau, on passe tout de suite à l’après. On est dans l’anticipation.
A quel moment de la saison as-tu commencé à penser que le titre était à votre portée ?
Déjà, quand on a pris la mesure du championnat, c’est-à-dire qu’on arrivait dans un championnat nouveau, avec 6 équipes qui descendaient de D2. C’était un peu l’inconnu. On a commencé à en parler avec les filles dès qu’on a fait la bonne série du départ. On s’est dit à ce moment-là, en rivalisant avec Brest et Roubaix qui étaient nos deux principaux concurrents, qu’on pouvait tout de suite envisager de se placer en haut et exister dans cette division. Ça a commencé à germer dès ce début de saison. Ce qui a confirmé ça c’est la victoire contre La Roche sur Yon en janvier qui nous a fait basculer dans quelque chose qui était plus concret.
Il a vite fallu se remettre au travail. Quelle différence fais-tu entre l’intersaison consécutive à une relégation, et celle-ci pour préparer une promotion ?
La différence c’est déjà que lorsque j’ai repris l’équipe, on était relégués, et il fallait relancer une dynamique parce qu’on avait perdu 14 joueuses, et parce que c’était le premier véritable revers de la section féminine quasiment depuis sa création. Il fallait relancer quelque chose de nouveau. Là on est plutôt sur une deuxième étape. On a relancé, la dynamique est intéressante. Maintenant il faut stabiliser et construire, mais dans un niveau qu’on n’a jamais atteint [Une seconde division à un seul groupe NDLR]. Ça va être un vrai challenge. Nous ne sommes pas du tout dans la même optique, nous sommes plus dans la volonté de nous accrocher au haut niveau.
Dans ce groupe constitué à une écrasante majorité par des clubs professionnels, quels sont les points forts pour attirer des joueuses et constituer une équipe performante ?
Déjà c’est la volonté du club à exister dans le football féminin. Quand on parle à des joueuses de haut niveau en leur disant qu’on a une égalité hommes/femmes, qu’on partage le même vestiaire, le même terrain d’honneur, avec 27 ou 30% du budget consacré à la section féminine, ça leur parle beaucoup. Ça leur montre qu’à Saint Malo, on ne se moque pas des joueuses, contrairement à certains clubs pros qui balancent leur budget sur un ou deux ans et se rendent compte qu’il faut réduire la voilure.
Donc pour moi c’est d’abord la volonté des dirigeants de pousser le foot féminin qui fait qu’on attire des bonnes joueuses. Et puis bien sûr le cadre de vie forcément ! C’est quand même plutôt agréable de vivre à Saint Malo !
Les matchs de préparation contre des formations de Première Ligue ont été plutôt probants en termes de résultats. Quel est ton sentiment sur cette préparation dans son ensemble ?
Il y a plusieurs aspects. Je pense que le fait d’accrocher des équipes de Première Ligue, ça veut dire que physiquement on commence à avoir un niveau intéressant, que les filles ont bien encaissé la charge physique de la préparation. Deuxièmement, ça veut aussi dire qu’on ne s’est sans doute pas trompé sur notre recrutement. Mais il ne faut pas non plus se dire « on est arrivé », bien au contraire. Il faut s’en servir pour que ce soit positif dans la dynamique, mais il reste encore beaucoup de chemin et beaucoup de choses à corriger, avant d’arriver au plein potentiel de l’équipe.
Tu entames ta deuxième saison comme entraîneur principal de l’équipe féminine, est-ce que tu ressens une pression différente par rapport à ta prise de poste il y a un an ?
C’est vrai que je suis arrivé sur une descente, donc une dynamique qui était totalement inverse. Mais je suis aussi arrivé après un entraîneur qui a faut du très bon travail. Fabrice Garin est resté 10 ans et il a mis sa patte sur la section féminine. Il l’a faite progresser, il a construit. Arriver derrière lui ce n’était pas forcément évident. Je pense qu’il fallait rester dans la continuité tout en essayant d’imposer des idées, ce qu’on a plutôt réussi à faire sur cette première année. La pression en fait je pense que ce sont les autres clubs qui l’ont parce que nous ne sommes pas attendus. On est le Petit Poucet qui va embêter les gros. Et par ailleurs je suis quelqu’un qui ne se met pas beaucoup de pression. Mine de rien, on ne fait « que du foot », il faut relativiser !
Quels sont les ingrédients de la saison dernière qu’il faudra transposer en Seconde Ligue ?
Déjà, conserver l’état d’esprit de travail qu’on avait la saison dernière. On avait un groupe capable de bien travailler dans la semaine, qui répondait bien à tout ce qu’on mettait en place dans la stratégie, et qui a progressé au fur et à mesure de la saison dans beaucoup d’aspects, et ça il faut absolument qu’on le garde. Si on se sent arrivés à un moment donné en Seconde Ligue, on va se « faire tuer ». Il faut qu’on garde l’humilité de se dire « on met d’abord les ingrédients, et après on sera récompensé ».
L’une des grosses différences par rapport à la D3, ce sont les très longs déplacements qui se profilent. Qu’est-ce que ça change dans ton approche des rencontres et ton calendrier hebdomadaire ?
On aura forcément plusieurs planifications de semaine. Quand il y a un match le dimanche, ce n’est pas la même semaine que si on joue le samedi, et ce n’est pas la même semaine lorsqu’on va à Nice ou qu’on joue à domicile. Il va falloir que l’on s’adapte dans la charge de travail. Le club va aussi nous faciliter les choses en mettant les moyens nécessaires pour pouvoir être dans de bonnes conditions de déplacement. Mais on arrive au haut niveau tout simplement ! Un championnat national sur une seule poule, je ne suis pas certain qu’une des équipes de l’US Saint-Malo l’ait déjà fait. Donc on va l’expérimenter et on verra en fin de saison ce qu’il en est !
Dans quel état d’esprit es-tu à 4 jours du début de la compétition ?
Je suis déterminé. Je suis serein aussi parce que je sais qu’on a les armes pour embêter les équipes qu’on va affronter. Et je suis envieux de voir comment ça va se passer. Je suis aussi très motivé parce que lorsqu’on est jeune entraîneur comme moi et qu’on arrive à ce niveau-là très vite, on est excité, on a envie d’en découdre. Ce sont ces sentiments-là qui m’animent aujourd’hui, mais je sais aussi que tout ne va pas se jouer sur ce premier match, que l’on gagne ou non.
Est-ce que tu as un message pour les supporters et les partenaires de l’USSM ?
Pour les supporters, l’horaire du samedi soir à 18h ils le connaissent très bien avec les garçons, donc je n’en attends pas moins d’eux sur l’accueil qu’ils peuvent nous réserver. Je compte beaucoup sur eux lorsqu’on peut avancer les matchs à cette heure-là le samedi. On aura besoin d’eux parce que la saison va être difficile et on ne va affronter que des gros clubs. Et on aura davantage besoin de leur esprit de supporter plutôt que de leur esprit critique, mais je pense qu’ils sont conscients de ce qu’on réalise.
En ce qui concerne les partenaires, je tiens à remercier ceux qui nous permettent d’exister dans cette division parce que sans eux, on n’en serait pas là. On a pu voir ces dernières semaines que ça a été compliqué dans d’autres clubs. On va essayer de leur proposer un spectacle de qualité. En tout cas on se battra pour eux c’est sûr.