LE BILLET DU LUNDI

Savez-vous ce qu'est l'étiquette au golf ? C'est une règle induite de fair-play et de respect des autres et de l'environnement. Une règle non inscrite dans les lois de ce sport et que pourtant tout le monde respecte. De fait, les arbitres sont quasiment invisibles au golf, on pourrait même croire qu'il n'y en a pas !

Quel contraste avec notre football. Chaque week-end footballistique nous apporte son lot d’images où les hommes en noir sont agressés dans leurs fonctions.

Par les joueurs tout d’abord. A chaque décision ou presque, au moins dans le monde professionnel, les garants du respect des lois du jeu sont entourés par une nuée de joueurs mécontents qui leur hurle dessus. Dans quel but ? Leur mettre une pression telle qu’ils reviendront sur leur interprétation ? Les inciter à siffler dans le sens inverse à la prochaine occasion ? Ridicule et insupportable.

Depuis le début de la saison, on voit également un nouveau geste envahir les pelouses de Ligue 1 : le mime d’un écran de télévision. Pas question ici de critiquer le VAR sur le fond, dans un sens ou dans l’autre, mais les instances avaient pourtant prévenu que les joueurs qui la réclameraient seraient sanctionnés d’un avertissement. Cette louable intention aura tenu à peine deux mois. Gageons qu’il ne faudra pas longtemps pour voir nos gamins faire ce geste le samedi matin pour imiter leurs idoles, sans même comprendre ce qu’il signifie.

Les bornes ont été dépassées ce week-end avec un joueur de Toulouse venu quasiment coller son front sur celui de l’arbitre de la rencontre. Heureusement, pour cette fois, le fautif a été exclu, et espérons le sévèrement sanctionné par la suite.

Le public n’est pas en reste parfois. Il est humain de s’insurger en tribune contre une décision qui nous semble injustifiée, a fortiori lorsqu’elle est prise à l’encontre de son équipe favorite, c’est presque un réflexe qui laisse la passion dépasser la raison.

Les spectateurs doivent toutefois participer à une remise en question générale sur notre comportement vis-à-vis d’hommes qui font leur travail du mieux qu’ils peuvent malgré cette aura d’hostilité qui les entoure. Ils ne sont certainement pas infaillibles non, mais ils sont humains et leurs erreurs font partie du jeu.

Les médias aussi, qui passent des heures à commenter, en direct, ou dans le cadre d’émissions agrémentées de multiples ralentis, telle ou telle décision de l’arbitre d’une rencontre. Eux-mêmes, à froid, n’arrivent pas à se mettre d’accord après des palabres incessants et sans intérêt. Au milieu de leur flot de paroles, on n’entend pourtant jamais ou presque le mot « interprétation », pourtant au cœur de l’arbitrage et des lois du football. L’arbitre a une fraction de seconde pour faire un choix selon un seul angle de vue (3 si on ajoute les assistants), et cette décision se fait nécessairement selon l’interprétation de ce que seul lui peut voir, là où il se trouve, le plus souvent en mouvement.

Les arbitres eux-mêmes enfin, qui ne doivent pas se réfugier derrière une autorité et une intransigeance exacerbées pour se protéger de cette hostilité à leur encontre, mais au contraire veiller à être pédagogues et diplomates. Aidons-les tous, par notre comportement à leur égard à choisir la voie du dialogue, ce que la plupart font déjà très bien.

Trop c’est trop. Il faut protéger ces hommes sans qui le simple fait de jouer au football en compétition serait impossible. Il faut qu’au-delà des discours, nos instances, notamment celles du monde professionnel, prennent le problème à bras le corps et n’acceptent plus aucun comportement de ce type.

Comment s’étonner dans le cas contraire que les vocations se fassent de plus en plus rares ?

Les clubs aussi doivent marquer leur soutien aux arbitres, comme nous nous efforçons de le faire à l’US Saint Malo, en les mettant en valeur dès que l’occasion se présente, en favorisant leur rencontre dans le cadre d’entraînement collectifs, et par-dessus tout en éduquant nos jeunes joueuses et nos jeunes joueurs dans le respect le plus total des hommes et des femmes en noir.

De toute façon, qu’on se le dise, l’arbitre à toujours raison…