LE BILLET DU LUNDI
SEMPER FIDELIS
Imaginez un pays où le football est roi. Imaginez un pays où lorsqu’une rencontre de première division se déroule le samedi après-midi, la ville où elle a lieu grouille de personnes aux couleurs du club local. Des personnes de tous âges, des familles, des groupes d’amis, tous réunis pour une seule et même raison : voir un beau spectacle, passer un bon moment ensemble, et par-dessus tout, supporter le club de sa ville. Une ville où chaque devanture de magasin est parée des couleurs du club, quand elle ne vend pas des objets issus de sa boutique.
Imaginez un pays où tous ces gens se mêlent joyeusement plusieurs heures avant la rencontre pour manger dans des restaurants du centre de la ville. Des restaurants où viennent s’installer d’autres personnes vêtues des couleurs de l’adversaire du jour sans que cela ne choque personne. Imaginez ces mêmes personnes se rendant ensuite au stade distant de 3 kilomètres à pied, dans la bonne humeur, formant une marée humaine aux couleurs unies et chatoyantes.
Imaginez un pays où lorsque vous êtes au pied du stade du club local, les gens investissent la boutique au point de faire la queue, pendant que d’autres profitent des rayons du soleil pour boire un verre en observant avec amusement le « kop » adverse passer devant eux bruyamment en entonnant des chants à la gloire de leur équipe.
Imaginez un stade de 80 000 places plein à craquer à chacune des rencontres à domicile, entièrement aux couleurs de l’équipe qui s’y produit. Un stade qui vibre comme un seul homme à la moindre occasion, un stade qui jamais ne cesse d’encourager ses joueurs même lorsqu’ils sont menés une première fois, puis une deuxième. Un stade qui continue de croire à la victoire même quand l’équipe visiteuse vient doucher l’enthousiasme en égalisant à 4 minutes du terme de la rencontre et qui est récompensé de son optimisme à la dernière seconde dans une explosion de joie sismique.
Imaginez un pays où des centaines de personnes des deux camps se retrouvent pendant plusieurs heures après la rencontre pour refaire le match, plaisanter, réconforter le vaincu, le chambrer aussi un peu, tout cela dans une ambiance bon enfant presque émouvante de simplicité. Imaginez chaque supporter rencontré qui vous explique son amour du club en joignant le geste à la parole en embrassant l’écusson sur son maillot, et vous dit que quels que soient les joueurs qui composent l’équipe, quel que soit le classement, le club restera toujours l’institution au-dessus de tout.
Ce pays c’est l’Allemagne, cette ville c’est Dortmund. Ce pourrait être Barcelone en Espagne, ou Londres en Angleterre. Si l’occasion vous est donnée de vivre une rencontre de football dans un de ces lieux, ne la laissez pas filer, c’est incomparable. Cela permet aussi de mesurer le chemin qu’il nous reste à parcourir dans notre beau pays pour rivaliser avec nos voisins européens, en terme d’ambiance, de merchandising, et d’amour inconditionnel de son club et de ses couleurs, toujours dans le respect de l’adversaire.
J’étais en Allemagne ce week-end, et de là-bas j’ai pu suivre et découvrir la défaite de nos Diables Noirs, une nouvelle fois dans des circonstances qui nous font nourrir des regrets. De là-bas j’ai pu voir aussi que ce classement du groupe C de National 2 est toujours aussi indécis et serré, permettant largement de continuer à entretenir l’espoir d’une issue heureuse. De là-bas surtout, j’ai réalisé que jamais l’US Saint Malo ne quittait totalement mes pensées, malgré les moments incroyables vécus à 750 kilomètres à vol d’oiseau de notre cité corsaire. De là-bas, J’ai eu la confirmation que l’économie locale pouvait faire vivre le club, et que celui-ci pouvait le rendre à l’économie locale. J’ai mesuré ainsi qu’à notre échelle, et toutes proportions gardées bien sûr, ce club et ses supporters tout aussi inconditionnels méritaient que l’on fasse encore et toujours plus, chacun à notre niveau pour continuer à le faire grandir.
Bien que nous ayons logiquement une vision et des exigences de résultats à court terme, ne perdons jamais de vu que l’histoire de notre club se poursuivra longtemps après nous, et qu’il restera lui aussi toujours au dessus des hommes qui l’ont composé, le composent et le composeront, tant qu’il y aura des enfants pour embrasser l’écusson qu’ils portent sur leur maillot.