LE BILLET DE MORGUY

Tribune
4/09/2020

EMOTIONS CONTRAIRES

Six mois d’attente. six mois sans football au Stade de Marville. six mois dramatiques d’un point de  vue sanitaire. six mois aussi d’espoir affiché d’un « monde nouveau ».
Si l’amour de ce sport qui anime des centaines de millions de personne à travers le monde est motivé par la recherche d’émotions, nous avons été comblés mercredi soir.
L’excitation tout d’abord de se retrouver. Cet organisme vivant qu’est notre club a été privé trop longtemps de la réunion des cellules qui le compose. Des bénévoles aux partenaires, en passant bien sûr par les dirigeants, et les joueurs, notre équipe, au cœur de cet ensemble, en attendant de revoir aussi les autres formations, et notamment nos Diablesses ce dimanche, également à Marville.
Le plaisir de voir notre stade se remplir malgré les nouvelles contraintes, de constater que l’amour qu’on porte à notre équipe ne s’est pas perdu dans les  méandres de cette interminable pandémie.
La petite montée d’adrénaline dont nous avions perdu l’habitude, au moment de voir entrer les Diables Noirs sur la pelouse, et l’espoir comme à chaque nouvelle saison, de les voir triompher, a fortiori face à un adversaire annoncé comme favori aux premières places.
Le bonheur d’une superbe première mi-temps, de très haut niveau entre deux formations joueuses, qui explose en extase à la vue d’un ballon qui transperce les filets après une frappe fulgurante et une très belle action.
La fierté devant une équipe libérée, sûre de sa force, et largement dominatrice dans le premier tiers du second acte. L’extase de voir cette domination récompensée par un second but et des joueurs qui ne forment qu’un ensemble lorsqu’ils fêtent cette réussite.
Et puis, hélas, d’autres émotions par la suite, moins positives. L’empathie tout d’abord, devant la douleur ressentie par l’un d’entre nous (on pense à toi Valentin, courage !).
L’inquiétude ensuite, après la réduction du score puis de l’effectif dans la foulée, et la certitude que les dernières minutes vont être très longues.
L’empathie à nouveau à la vue d’une erreur individuelle d’un joueur par ailleurs irréprochable, et qu’on sent tellement malheureux qu’on a tous envie de le prendre dans nos bras et lui glisser à l’oreille que ce n’est pas grave, que ça arrive aux meilleurs quasiment chaque week-end. Et que finalement, l’expérience est faite d’erreurs qu’on ne commet pas une seconde fois.
La déception et la tristesse enfin, de voir tous ces efforts anéantis dans les dernières secondes d’un match pourtant maîtrisé comme il y a longtemps qu’on l’avait vu sur notre pelouse.
Et finalement, à l’issue de cette soirée qui aurait pu être si belle, passé l’abattement légitime, c’est la volonté de repartir de l’avant qui domine, l’assurance que les plus belles saisons débutent parfois dans la douleur.
Mais en dernier lieu, à froid, un autre sentiment voit le jour devant les réactions de pseudos « supporters » sur les réseaux sociaux devant cette soirée cauchemardesque et ce manque flagrant de réussite. Des personnes qui ont oublié que supporter c’est soutenir dans les moments difficiles, et non pas enfoncer la tête sous l’eau de tout un club qui a déjà (provisoirement) la tête basse. Des personnes qui disent supporter l’US Saint Malo mais qui se gaussent au moindre revers et annoncent, experts qu’ils sont, une nouvelle saison difficile, sans avoir vu le moindre match depuis des lustres bien sûr.
La première réaction serait d’exclure ces parasites, de se débarrasser de cette négativité qui caractérise probablement mieux que des mots leur triste personnalité.
Mais non, au contraire, continuez si ça vous chante. Nous allons nous nourrir de votre ressentiment et le transformer en rage. Devant votre individualisme, nous allons répondre par l’unité que nous construisons depuis des lustres mais qui se renforce depuis des semaines. Car devant l’adversité, nous somme un, nous sommes l’US Saint Malo. Et nous allons vous le prouver !

Morguy