LE BILLET DE MORGUY

Lamballe. Samedi 27 novembre 2021. 20h15 environ.

Un homme fend la foule qui se dirige vers le parking du complexe de Penthièvre. Il est entouré mais il est seul comme jamais. Seulement accompagné de ses sombres pensées, il ne sent même plus la grêle qu’il a pourtant subi pendant plus de deux heures.

Il s’apprête à monter dans sa voiture pour rentrer chez lui après une heure de route sous le déluge. Il ne le sait pas encore mais il va chercher le sommeil jusqu’à plus de 4h du matin, en ruminant, et en pensant à son club, à tous ces gens qui doivent être aussi malheureux que lui au même moment, aux dirigeants, aux joueurs, au staff, au Directeur Général, aux bénévoles, aux partenaires, aux supporters, qui eux aussi vont avoir ce match en tête tout le reste du week-end.

Cet homme, cette femme, c’est vous, c’est moi, c’est le Président, les membres du conseil d’administration, Fabien Pujo, Abdel El Kouraichi, tous les joueurs qui ne comprennent pas comment ce 1/32^ème de finale a pu leur échapper malgré une supériorité évidente sur l’adversaire du jour.

Et puis cet homme commence à penser au-delà de cette simple rencontre de football qui n’a pas tourné dans le bon sens comme ça arrive parfois. Il pense à cette année délicate qu’il faut terminer par deux déplacements périlleux. Il pense aussi que si les vents finissaient par tourner, la 7^ème place n’est finalement qu’à 5 points. Il pense à l’entraîneur qui est prêt à renoncer momentanément à ses principes de jeu pour sortir ce club qu’il aime et qui est devenu le sien de cette zone de relégation, et aux joueurs, déterminés à tout donner pour accompagner leur coach dans cet objectif. Il pense aux pseudo supporters qui déversent leur fiel sur les réseaux sociaux à chaque mauvais résultat, et semblent y prendre un plaisir malsain. Il pense aux autre supporters, les vrais, qui ne s’expriment pas et souffrent en silence comme tous ceux qui aiment l’USSM contre vents et marées.

Il pense au Président, qui vit noir et or jour et nuit, qui se bat depuis des années pour faire évoluer son club, qui cherche continuellement des solutions et des idées pour avancer, accompagné en cela par les membres du conseil d’administration qui s’investissent tant pour l’US Saint Malo.

Et puis il pense au club lui-même. A l’US Saint Malo qui du haut de ses 120 ans a vécu des périodes bien plus sombres, et qui s’est toujours relevée. Il se dit que l’époque actuelle veut nous obliger à avoir une vision immédiate et microscopique des évènements, qu’on voudrait nous inciter à tout bouleverser à chaque revers, alors même qu’il est nécessaire au contraire de prendre du recul, de voir les choses sur le long terme, car c’est bien ce que nous faisons et continuerons à faire.

On nous parle d’arrogance, alors que nous sommes seulement ambitieux. Est-ce un si grand défaut de vouloir grandir ?

Cette ambition ne se limite pas aux seuls aspects sportifs. Le projet de construction d’un nouveau stade s’accompagne d’un schéma destiné à favoriser le développement économique de la ville. Il est porté par l’USSM, mais également par un tissu d’entreprises qui appellent de leurs vœux la création de cet espace, qui devrait être encouragée et non freinée, a fortiori pour un club qui contrairement à la quasi-totalité de ses concurrents à ce niveau ne fait que très peu appel aux deniers publics.

Au cœur des préoccupations de son environnement, l’US Saint Malo développe également quantité de projets sociétaux dans une démarche « RSE » peut-être insuffisamment mise en avant : donner l’accès au sport (pas uniquement au football) à des jeunes de la Ville, participer à améliorer les conditions de vie des migrants ou des détenus, développer des projets mêlant éducation et apprentissage du football en collaboration avec les structures scolaires, solliciter de généreux partenaires pour récolter plus de 10 000 € en faveur de la lutte contre le cancer du sein. Voilà quelques-unes des actions que nous portons et que nous continuerons de développer.

En prenant de la hauteur, l’épisode malheureux que nous avons vécu ce week-end apparaît comme un simple aléa dans les valeurs et les projets auxquels nous croyons dur comme fer et pour lesquels des femmes et des hommes se battent tous les jours.

Nous aurons d’autres déconvenues, mais nous aurons aussi des jours meilleurs et toutes celles et tous ceux qui veulent y croire sont les bienvenus pour apporter leur pierre à cet édifice.

Saint Malo. Lundi 29 novembre 2021. 8h30.

Une nouvelle semaine commence, comme une renaissance. Un homme a mieux dormi, il retrouve sa sérénité. Il sait qu’il n’est pas seul et qu’il a une très grande famille autour de lui qui va encore travailler d’arrache-pied pendant 7 jours en espérant de toutes ses forces que le prochain week-end sera meilleur que le dernier. Et il continuera, encore et encore car il a la conviction, comme des centaines d’autres, que ces efforts paieront. Tôt ou tard.

Morguy